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Du Fond du Lac
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4 avril 2006

Pierre et Nicolas, passion planète Terre

pierre_rabhi3

 

L’un, sobre et réservé est reconnu comme un sage des temps nouveaux. Pierre Rabhi, fils de forgeron, s’est lui-même forgé paysan sans-frontière. Né dans le désert du Sahara, devenu pionnier de l’agriculture biologique en Ardèche, il fait maintenant pousser des légumes dans le désert.

nicolas_hulot1

 


L’autre, hyper-médiatique, nous agace parfois de ses surplus d’enthousiasme, mais on l'aime. Nicolas Hulot, à trop fréquenter la nature dans des situations extrêmes, s’est laissé séduire par son extrême beauté et s’en fait le plus formidable chantre.

   
   

Partis de mondes opposés, les deux hommes devaient se retrouver car ils œuvrent dans la même direction : nous faire aimer la Terre, la vie, l'humanité.

terre_humanisme1                   planete_nature

 

 

A l’automne dernier, ils nous ont offert un livre : Graines de possibles, dialogue passionné sur l’avenir de l’humain sur la planète Terre. Décroissance soutenable, développement durable, chacun croit à une méthode et espère un avenir durable pour l’humanité qui court aveuglément à sa perte. Mais les deux chevaliers au grand cœur se retrouvent sur des solutions simples à mettre en pratique au quotidien, car chacun de nous est responsable de l’avenir que nous offrons aux enfants d’aujourd’hui. Ne consommons plus idiots, apprenons la sobriété heureuse, participons par nos choix à sauver le monde jour après jour !

« Graines de possibles », de Nicolas Hulot et Pierre Rabhi, 2005

hulot_rabhi

Fragments d’échange

P.R. Un véritable progrès ne nie pas ses fondements et ses racines. Je reproche à la modernité de nier le passé.
N.H. Un ancien roi du Zanskar, ce pays de l’Himalaya indien, disait : « La connaissance sans cœur n’a pas de valeur. » Dans la notion de cœur, il y a l’acceptation que nous ne sommes pas nés d’aujourd’hui.
P.R. Il ya de l’orgueil et de la vanité dans toute forme de modernité. Nous nous sommes convaincus que la raison devait remplacer la nature, et que l’être humain pouvait reprendre complètement en main son propre destin, et l’orienter. Mais c’est un manque total d’humilité et d’écoute face à notre passé et à la nature. La nature est pourtant le plus vieux laboratoire du monde.
N.H. Nous nous vantons des attributs du progrès sans même savoir nous en servir. Combien d’entre nous se vantent d’avoir un ordinateur et ignorent en réalité comment il fonctionne ? Et quand on va à la campagne, on ne sait pas plus comment pousse une betterave … Le grand désarroi tragique de l’homme moderne, c’est de ne plus être relié à rien.

N.H. […] Que nous importions des bananes parce que nous n’avons pas le climat pour les produire, pourquoi pas ? Mais le problème est que nous importons des aliments que nous pouvons parfaitement cultiver chez nous. Tout cela parce qu’on a divisé le monde en grandes zones de monoculture. C’est un système aberrant, d’autant plus que nous savons aujourd’hui que nous sommes arrivés à saturation.
Il faudra bien à un moment ou à un autre, rationaliser. Il va falloir inciter le consommateur à choisir les produits qui viennent de sa région. Comme toi, je suis totalement en faveur de la relocalisation de l’économie. Il faut favoriser les cultures vivrières. […]

P.R. Quand on mange des fruits ou des légumes hors saison en Europe, cela nécessite de chauffer les serres à coups de fuel. C’est complètement stupide. Pourquoi ne pas attendre la saison ? cela permettrait déjà une économie importante de ce pétrole dont on redoute la raréfaction à court terme.

serres
Image trouvée sur Flickr qui ressemble à un paysage des côtes d'Armor
(je mets une photo perso dès que possible)

N.H. Est-on plus heureux quand on mange des cerises en hiver ? Le bonheur, au contraire, c’est d’attendre la saison. Sinon autant déplacer Noël au 15 août ! Nous avons déplacé le curseur jusqu’à l’excès.
Bien entendu, si nous passions à un autre mode de production agricole du jour au lendemain, si nous imposions cette mesure par décret, nous ferions face à une fronde légitime des agriculteurs. Mais vu ce que l’agriculture productiviste génère comme maux que la société doit prendre en charge économiquement, humainement et médicalement, il y a largement de quoi développer de nouvelles pratiques et réorganiser le système. En plus, nous participerions à la reprise de l’emploi.
P.R. L’alternative que propose l’agriculture écologique est aussi sociale. Substituer une technique à une autre pour le simple plaisir de changer ne m’intéresse pas. Mais notre alternative peut aussi générer un remodelage et une reconsidération générale du mode d’organisation du foncier et de la répartition du travail. Sans compter l’abolition des nuisances et des coûts cachés sur la nature, et des biens vitaux que sont les sols, l’eau, et la biodiversité domestique.
N.H. Tu parles avec raison de la nécessité de réorganiser et de remodeler le foncier Les remembrements ont été tellement catastrophiques pour la biodiversité ! La capacité de rétention d’eau des sols a diminué, avec entre autres conséquences, une grande part de responsabilité dans les inondatons à répétition. Les économies, comme celle du tourisme par exemple en sont affectées.

inondations_lundi       tcheque_inondations2006
Inondations en République tchèque hier, lundi 3 mars 2006

P.R. Cet aménagement est symbolique de la confusion où nous sommes. Le remembrement sensé donner une configuration rationnelle à l’espace rural, a au contraire abouti à son démembrement et à son enlaidissement. Comment ne pas regretter ces paysages modelés selon les critères de l’équilibre agro-sylvo-pastoral avec les haies, les bocages, et les villages qui semblaient émerger de la terre ? Une sorte de désert sans âme de blé, de maïs à l’infini …

 

labour1...Un matin en Bretagne....prairie1
Labour                                                                 vaches au pré

 

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Commentaires
N
Je ne crois pas justement que ce livre soit à réserver aux écolos débutants, ces deux hommes nous montrent au contraire une leçon de tolérance réciproque et d'humilité. Ce livre est à mettre entre toutes les mains et peut être justement plus encore entre les mains de ceux qui croient vivre en écologistes, croient être tolérants et croient vivre humblement.
O
Toutes ces questions que tu évoques dans ce commentaire sont toutes celles que l'on devrait apprendre aux citoyens... Mais malheureusement pour l'instant (pour l'instant oui, car on va pas se laisser faire, non mais !) le profit l'emporte, et se poser toutes ces questions mettraient en faillite le système monétaire actuel qui ne profite qu'à certains et qui bousille tout.<br /> <br /> Je connaissais N.Hulot et P.Rabhi, mais je ne savais pas qu'ils avaient un livre commun. Je me moque un peu du premier et ne connais pas encore bien l'autre, mais ce livre est une bonne recommandation aux citoyens écolos débutants ! Et ravie d'entendre enfin la logique de "décroissance soutenable" que j'estime beaucoup !
N
Ne pas en vouloir aux agriculteurs poussés par l'économie et qui aujourd'hui sont les premiers à trinquer avec l'Ankou : allergies pour les mômes et cancers pour les adultes.<br /> L'économie, on est tous plongés dedans jusqu'au cou quand on sort un billet du porte-monnaie. Pourquoi refuser de le voir ? J'achète une chose, oui, mais ça vient d'où, qui l'a produite, quel a été son chemin pour venir jusqu'à moi, quelle personne au bout de la chaîne est lésée par ce prix "moins cher" que "moins cher" et quel sera mon profit à moi quand j'aurais dépensé cette chose, que deviendra-t-elle dans mon chez-moi, dans mon corps, quel est son l'avenir, quelle sera la vie de la chose et quelle sera sa fin, quelle partie sera consommée, quelle partie de cette chose sera déchet, que deviendra ce déchet, qu'aurais-je été sans cette chose que j'ai achetée ?<br /> A toujours vouloir plus pour moins cher, on est tous acteurs du Profit, non ? Qui jette la première pierre et sur qui ? Qui n'a jamais voulu pêcher la bonne affaire ? Qui ? Où ? <br /> Le repentir doit être général et individuel, soyons consom'acteurs c'est le début d'une nouvelle sagesse.<br /> Plaçons nos valeurs dans l'être et non l'avoir : rengaine oh, combien dure à mettre en pratique, mais c'est la voie !<br /> <br /> En tête : "Parle-moi" de Jean-Louis Aubert "Ce qui nous vient, nous vient de loin, ..., parle-moi, parle-moi de toi ..."
Y
Le remembrement, un mot qui me fait encore colère ! quand je pense aux paysages de mon enfance en Bretagne que le remembrement a saccagé ! Ce mot était dans toutes les conversations et générait beaucoup d'inquiétude. on vérifie aujourd'hui tout ce que la quête du profit a engendré...
N
Nessy : ni preux ni chevalier, mais monstre ou sirène ?<br /> La vie nous pousse parfois dans des directions inattendues. On doit parfois réorienter sa raison de vivre, mener des combats qu'on n'imaginait pas. J'ai rêvé d'être muse, je rêve toujours de le devenir même si le temps joue contre moi. En attendant, considérée comme une Circé me voici Pénélope, rebrodant tous les jours les mêmes petits points en attendant le retour du héros.<br /> <br /> (L'alimentation de mon moteur se fait-il à la fierté, ou même à l'orgueil ?)
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