Ils diront à la montagne - Du monde qui nous porte (SUITE N°12)
Religion
"Ils diront à la montagne" : discussion virtuelle entre penseurs réunis ici artificiellement par montages/collages + ou - aléatoires de citations diverses ou courts extraits récoltés au fil de lectures éclectiques.
Paul Valéry
L’idée de la mort est le ressort des lois, la mère
des religions, l’agent secret ou terriblement manifeste de la politique,
l’existant essentiel de la gloire et des grandes amours, – L’origine d’une
quantité de recherches et de méditations.
Parmi les produits les plus étranges de l’irritation de
l’esprit humain par cette idée (ou plutôt par ce besoin d’idées que nous impose
la constatation de la mort des autres), figure l’antique croyance que les morts ne sont pas morts, ou ne sont
pas tout à fait morts.
L. Rosenfeld
Toute théorie
est fondée sur des concepts physiques associés à des idéalisations qui rendent
possible la formulation mathématique de ces théories ; c’est pourquoi
« aucun concept physique n’est suffisamment défini sans que soient connues
les limites de sa validité », limites provenant des idéalisations mêmes
qui le fondent.
Jean-Philippe Lauer
Le monde d’aujourd’hui me donne la sensation d’une
grande pagaille. Il est évident que le XXe siècle a été un siècle de
très grande évolution, bouleversé par le développement vertigineux des sciences
mais aussi par la barbarie humaine. Je suis né au milieu des calèches à chevaux
et j’ai vu l’homme marcher sur la Lune ! Cette prise du pouvoir par la
pensée scientifique a fini par évacuer la religion et la spiritualité. Quelle
différence avec la civilisation Egyptienne ancienne où le moindre détail de
l’existence puisait sa raison d’être dans le religieux, où chaque détail de
l’art reposait sur une volonté d’éternité ! Il y a un abîme entre eux et
nous. C’est peut-être la raison pour laquelle l’Egypte fascine tant. La
formidable croyance en l’au-delà fut un perpétuel défi au temps et à la mort.
Qu’en est-il à présent de notre rêve d’éternité ?
Théodore Monod
A l’instar de Teillhard de Chardin, je pense que
« le grand problème est celui de l’Un et du Multiple ». Je déplore la
méthode fractionnée de notre époque. Les tâches coupées en tranches, privées de
leurs racines. L’homme s’est retiré du cosmique, de la fascination de
l’universel, de la totalité. Des valeurs propres aux poètes, aux artistes, aux
mystiques.
Tout se relie, comme l’enseigne le fossile jurassique
d’Allemagne, un oiseau pourvu de dents et d’une longue queue. C’est la preuve
de la parenté entre les oiseaux et les reptiles. Les mutations, les
adaptations, les mixages de l’espèce animale nous permettent de penser que la
disparition de l’Homo sapiens sur le globe verra l’apparition d’une race
supérieure animale –– laquelle ?
Telle est la grande question ! A partir d’un iota, d’une parcelle de
matière, commence l’évolution ; mais les passages entre un groupe et un
autre restent mystérieux, pleins de points de suspensions qu’il nous faut
relier. Tout se tient, de la fleur à l’étoile. L’homme moderne devrait se
souvenir que le primate est son cousin. Que la planète n’est pas un bilboquet.
Finissons-en avec la leçon de ténèbres et retrouvons le credo de la
réconciliation et d’une humilité bénéfique. L’homme n’est pas "le Roi de
la Création ".
Carol Shapiro
Il y a aussi
une phrase du talmud qui dit "hasard, c'est le nom qu'on donne à Dieu
quand il voyage incognito". Les voies du hasard sont donc
impénétrables...
« Si deux sont l’un avec l’autre en paix dans la même maison, ils diront à la montagne « Déplace-toi ! » et elle se déplacera. » Evangile apocryphe de Thomas, 53
Paul Valéry
L. Rosenfeld, "Les théories de la causalité", in Ilya Prigogine,
« La fin des certitudes »
Jean-Philippe Lauer, « Je suis né en Egypte il y a 4700 ans
Théodore Monod, « Le chercheur d’absolu »
Carol Shapiro