Rouleau d’écorce de bouleau N°18 de Bleiz le Loup
Retrouvé dans un sac de peau sous le banc de nage du curragh de Keridwen
En arrivant sur l'île, Keridwen avait mystérieusement disparu, laissant sa nièce Ernestine toute seule pour affronter son destin. Elle s’était égarée dans la forêt de l’île, obnubilée par la recherche d’un plan d’ail des ours dont elle souhaitait récupérer les graines. Que désirait-elle soustraire de ces graines ? Nul encore aujourd’hui ne saurait le deviner ! Désespérée par son infructueuse quête, elle avait fini par disparaître totalement de ma pensée. J’avais pris sa place quelques temps auprès de Nessy.
Nous avions quitté les rives d’Ecosse depuis plusieurs lunes auparavant. Pour traverser les mers, Eog le saumon savant nous avait remplacés, Keridwen et moi pendant quelques jours, mais c’est une autre histoire qu’il me plaira peut être un autre jour de vous raconter. Nous avions débarqué sur l’île du nord de la Baie de l’Enfer après la centième nuit passée au large. L’été fuyait doucement.
Et j’avais à mon tour abandonné Nessy.
Je cheminai sans but sur l’île, flairant deci, delà, quelque trace de gibier, plus occupé de dégourdir mes pattes que de me chasser réellement. Je m’amusai du vol lourd d’un bourdon, de l’oscillation d’une fougère sur mon chemin, du parfum de l’entrée d’un terrier de blaireau, mais rien ne retint vraiment mon attention si ce n'est le plaisir de gambader dans l'air frais du matin. Je sortis de la forêt, remontant en zigzaguant d’un pas décidé, une sente qui grimpait à travers la lande, sans omettre de laisser ma signature à chaque coin de buisson.
J’arrivai à un promontoire dégagé quelque part au centre de l’île. Je m’assis, levant la truffe humide et frémissante aux embruns portés par la brise. Les yeux à demi fermés, j’ouvris mon cœur aux odeurs apportées par la bruine. Les oreilles bien dressées, j’ouvris mon cœur aux musiques offertes par le vent. Mes poumons s’emplirent d’un flot de sensations riches et diverses et je sentis les battements de mon cœur s’harmoniser à la complainte du vent.
Je devins brise et nuage, vagues lointaines et vols de cormorans, bruissement de fougères et roulement de galets sur la grève, parfum d’algues et de bruyères, sel, trèfle et soleil.
Contemplatif de la truffe, contemplatruffe.
Le gouvernement français vient d’autoriser de tuer de six loups en 2006.
L’association loup.org vous invite à signer ici plusieurs pétitions que nous relayons pour la défense du loup à travers le monde.