H
D’après Marc-Alain Ouaknin, « Les mystères de l’alphabet »
Livre retrouvé puis acquis au café Librairie Caplan à Guimaëc
lors de la rencontre avec Naturel et Sar@h
Nom
H est l’initiale du mot hèt qui, dans les langues sémitiques, signifie la clôture, le mur, l’obstacle.
Formes originaires en protosinaïtique
Le hèt est un enclos, une barrière avec plusieurs barreaux.
Formes classiques du hèt en hébreu moderne et classique
Ecriture cursive ח
Sens originaires
Barrière, clôture.
Sens dérivés
Faute, bandeau, temps présent, créneau, mur, rempart, surface.
L’énergie primordiale (aleph) ne peut s’exprimer ; elle est emprisonné à l’intérieur d’un espace fermé de toute part. Prisonnier du temps, prisonnier de l’espace, l’homme du H se trouve face à un mur (qui se dit hèt en araméen oriental, et en arabe : hayt). Ce blocage ne permet plus à l’être vivant de déployer ses potentialités, de s’ouvrir vers le futur. Catastrophe ontologique que le verset 11 du chapitre 47 du prophète Isaïe traduit de la façon suivante :
« Le malheur vient sur toi
Tu n’es pas capable de discerner
Le matin qui se renouvelle,
Et tombe sur toi le présent.
Tu ne pourra le recouvrir
Et viendra sur toi tout à coup
Shoah, le malheur, la destruction,
Tu ne sauras pas. »
Verset magnifique qui énonce que le malheur le plus absolu, la catastrophe la plus immense qui peut se produire au niveau collectif ou au niveau individuel est l’engluement dans le présent (hové).
Vivre, c’est percevoir les forces qui sont à l’œuvre dans le renouvellement incessant du monde, c’est sentir l’émergence d’une aube nouvelle, d’une création qui ne peut aller sans un déchirement, un éclatement de ce qui préexiste (ce que nous avons compris dans la lettre zayin, le G de notre alphabet*).
Le H est une lettre qui signifie le « mal » ; il est homophone du mot hèt qui signifie « la faute ». La « faute » dans la tradition hébraïque est le résultat de l’impossibilité de briser les murs et les frontières du temps, l’impossibilité d’une éthique de l’action ; L’homme tombe dans les pièges du H quand il perd la faculté de commencer, d’entreprendre, de prendre une initiative. L’action éthique s’oppose au « comportement », qui n’est que le geste répété, imitant un geste déjà fait, sans avoir la force de l’innovation. Le H est la faute, car comme clôture, il fait oublier à l’homme que l’éthique de l’action est la capacité de commencer du neuf, il nous fait oublier que « les hommes, bien qu’ils doivent mourir, ne sont pas nés pour mourir mais pour innover. »
L’action éthique qui fracture l’enclos du H est une naissance. Elle est liberté. Parce que nous sommes nés, nous sommes condamnés à être libres. L’action éthique envisage le monde non pas dans ce qu’il est, mais dans ce qu’il a à être. L’homme est liberté, celle-ci portant la promesse d’un « avoir à être ». L’homme en devenir doit ainsi toujours être en train de se faire, de se construire, de s’inventer autrement, de se parfaire. Ainsi la perfection de l’homme réside dans sa « perfectibilité », selon une formule chère à André Neher. Lorsque cette dynamique d’invention rencontre un obstacle et se trouve dans l’impossibilité de le surmonter, l’homme ainsi bloqué est en situation de H ; il existe de nombreux moyensd’en sortir que nous évoquerons lors de l’explication d’autres lettres de l’alphabet.
Sens acquis et mémorisés par la langue hébraïque
Faute (par homophonie)
Valeur numérique
8
évolution des caractères
image provenant du site de l'aleph à l'@
* non encore rédigé !
@ voir : de l'aleph à l'@