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Du Fond du Lac
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7 mai 2007

Mélancolie printanière d'Orlando

Mélancolie printanière en souvenir d’une morte.

C’est le printemps ! Des filles chantent dans les champs, des garçons suent en travaillant. Le vent ébouriffe la plaine ! Soleil, soleil ! 

Je me souviens trop d’elle… Son corps luisait dans la pénombre de la tonnelle. Elle, toute nue, gantée de sa peau… Comme une statue antique en équilibre hautain. Juchée sur ses pieds pâles. Sereine sous l’azur. Vivante. C'était une belle femme, un peu plus que ça, même,  reliée d'un joli hâle  et son cul rayonnait.

Affreuses séductions du beau temps, quand la mélancolie s’ébroue ; elle renâcle, cheval et chien, naseau morveux, souffle de soufre ! Et la mémoire s’exhibe en visions qui font mal ; Ses seins, regard dardé, dévisageaient mon désir . L’amour aurait pu vivre. Plus fort encore. Sauf que la mort… Brute. Dire qu’on s’aimait presque puisque tout commençait par un début ardent !

Des os d’oiseaux bouffés jonchent le sol. Le chat ronronne en digérant. Squelettes ! Claviers fougueux d’orgues aux sinistres dissonances… Elle chantait, alanguie, fumant un culebra, vipère de tabac, retors comme un vieux cep, elle chantait haut et fort et de sa voix giclaient des justesses infinies… Il y a des années. On aurait pu s’aimer encore longtemps, je pense, caresses et morsures, en de poignants émois !

En ce jour, elle mourut. Maudit anniversaire : Elle rôde, la mort, la voilà ! Printanière putain verte comme un fruit qui prend son temps. Elle mûrit, la garce ! Elle me nargue : ce n’est pas mon jour. Mais elle danse en me rappelant que, jadis, ici même… Souviens-toi ! Souviens-toi ! Me dit-elle, comme pour m’aguicher, regard salace, voix de rogomme, sourire vulgaire…

Senteurs de Mai ! Muguet remuglant le bonheur a crever ! Les champs ondulent sous le vent  Je suffoque : L’étouffement vivace des parfums lourds qui tuent harcèle mes poumons outrés. Trop d’air, trop de lumière ! Tout embaume et le souvenir pue : je l’aimais. La mort me voit, langoureusement froide, statue de glace et transparence. Os moisissants. Soleil dessus.

Oui, le soleil, le soleil de merde, soleil de mort et qui dessèche ! Je me sens enfanté de nouveau, renaissant au passé, engendré par l’abord du sale moment. Renaissant pour redevenir bien vivace et charnu. Pour que la Mort se régale comme le chat repu… Avant de ronronner, replète et satisfaite. Elle se fera attendre tant que je souffrirai ! Quand donc me prendra t-elle ? Quand donc fera t-il froid ?

Anniversaire immonde de cet instant crasseux. Elle mourut en ce jour cette femme qui chantait. Qui me hante en cette heure. Aujourd’hui, au printemps. Mélancolie : Cheval et chien, fatigue odieuse. Naseaux poisseux de larmes épaisses. Solitude. Il fait beau. C’est le printemps. Mélancolie. Mélancolie. Il va pleuvoir. Ce sera beau. Soleil, soleil ! Adieu, bonsoir.

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