l'édito du j:mag par mab

Il y a quelques mois, je vous écrivais une note sur mab, rédacteur et éditorialiste du j:mag le magazine suisse des -de 30 ans (on peut le lire sans être suisse et à l'âge qu'on veut, non mais !)
Je ne résiste pas à vous copier son nouvel édito du 20 octobre 2006 !

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// mab, 20.10.2006

"Jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien... mais ce qui compte ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage." Nos sociétés dites développées semblent chanceler sur leurs fonts baptismaux et être possédées par un esprit malsain: celui de la peur. Peur de tout et de rien et de tout le monde. La méfiance s’installe dans l’imaginaire collectif, la suspicion exacerbée envahit tout un chacun dans son quotidien, la vigilance citoyenne se transforme en une posture de qui-vive irrationnelle et passionnelle. Sur ce compost de la crainte permanente, certains plantent et récoltent de beaux fruits politiques, économiques et idéologiques. Des murs s’érigent partout, que ce soit dans l’espace ou dans les têtes. Mais pour reprendre l’image du film La Haine, où cette chute vertigineuse induite par cette peur qui (r)éveille des sentiments d’animosité, d’intolérance, de xénophobie envers ce qui vient d’ailleurs nous entraîne? Ce qui fait peur en réalité, c’est de voir que la peur entretenue en permanence nous fait renoncer volontairement à des principes essentiels qui fondent les sociétés démocratiques et pour lesquels d’ailleurs, elles ont justifié et justifient encore des interventions et ingérences politiques, économiques et militaires dans celles dites en développement et/ou en transition démocratique. Protection des données privées bafouée, protection de ceux qui sont persécutés sous d’autres cieux abandonnée, protection des Droits de l’humain réajustée aux circonstances conjoncturelles…jusqu’ici tout va bien. Nous détournons déjà la tête quand le gendarme du monde veut légaliser la torture. Nous approuvons largement dans les urnes la possibilité de renvoyer quelqu’un à la mort ou à la prison quand il nous demande refuge. Le jour où nous aurons peur de notre propre ombre n’est pas improbable. Et si les êtres humains organisés en société n’ont jamais vraiment tiré les leçons du passé, un petit regard jeté dans un livre d’histoire suffirait à visualiser la piste d’atterrissage que nous nous préparons, puisque ce n’est pas la première fois, loin de là, que la terre tourne sur sa peur...et ça vraiment, ça craint!

Comments

[Nessy]

Ce que dit justement Cherry Plum, c'est que les risques de dérives sont importants : 1) on juge, 2) on est jugé en retour, 3) les inclassables, c'est à dire chacun de nous qui sommes tous uniques, singuliers, sommes classés par les autres et ça nous embête !
Et quand j'entends le mot communauté je zappe, je l'ai trop entendu ces derniers temps :-(

Je trouve que l'usage de la peur par les medias et ceux qu'on y entend, ne doit pas nous aveugler. Il est toujours possible de se renseigner ailleurs et d'informer en retour. Nous avons chacun notre rôle à jouer, n'ignorons plus que l'humain est un animal sociable, certes, mais pas grégaire !

[Valérie]

oui, mais quand on y reflechit, nous nous plaçons tous dans des bulles: les cathos, les cadres, les ouvriers, les fachos, les idéalistes, etc...
Cherryplum avait fait un excellent article à ce sujet:
http://cherryplum.canalblog.com/archives/2006/09/22/2727824.html#comments

[Nessy]

deux autres mots, trop utilisés sont "communauté" et "communautarisme", comme s'il fallait enfermer les humains dans des bulles séparées, pour les définir, mais nous respirons le même air !

[Valérie]

Tout à fait d'accord avec cet éditorial! Les médias font le jeu des divers gouvernements: avez-vous déjà compté le nombre de fois ou appraissent dans le journal televisé les mots: violence, chômage, insécurité? c'est édifiant! un véritable lavage de cerveau! et donc, des moutons de panurge qui tremblent de ce qu'ils ne connaissent pas mais dont ils entendent parler à longueur de journées, et qui vont massivement voter pour un pseudo sauveur aux prochaines élections...
Et dans le monde c'est pareil, ne croyons pas que ce phénomène ne se passe qu'en France! la peur est le fond de commerce des politiques. Beaucoup plus simple de manpuler les masses quand elles ont peur ...