Le Miroir aux Fées
Le Miroir aux Fées - Tréhorenteuc, Val sans Retour
Le soir tombait et le soleil rougissait à l’horizon. Bientôt, les oiseaux de nuit viendraient saluer celle qu’ils savaient être leur maîtresse. Et un vol de corbeaux se mit à tournoyer au-dessus d’elle comme pour lui signifier quelque chose. Elle les regarda attentivement : ils semblaient déporter lentement leur vol vers un endroit précis, au bout de la lande. Morgane s’avança dans la direction qu’ils lui indiquaient et se trouva sur des rochers rouge-violet, hérissés comme des arêtes surgies du plus profond de la terre et qui surplombait une vallée étroite et sinueuse, dans la partie la plus large de laquelle scintillaient les eaux d’un étang. Morgane connaissait ce lieu : bien souvent, le matin, quand une brume légère recouvrait le val, elle venait avec ses compagnes, se mirer sur la surface calme que les vents n’osaient même pas agiter. Ainsi, vérifiait-elle que son visage n’avait point vieilli et que sa beauté était inaltérable. C’est pourquoi elle avait appelé cet étang le Miroir aux Fées.
Jean Markale, « La fée Morgane », « Le cycle du Graal – 4 », ed. Pygmalion, Paris, 1994