Portrait du Gulf Stream - Orsenna
Erik Orsenna, Portrait du Gulf Stream, Editions du Seuil, Paris mars 2005
J’ai dévoré ce livre à sa sortie, cela fait déjà plus d’une année. Comme l’auteur, j’ai une vénération particulière pour le Gulf Stream qui, dit-on par ici, réchauffe les côtes de l’Atlantiques Nord-Est et permet aux habitants du Portugal, l’Espagne, la France, la Bretagne, L’Irlande, l’Angleterre, le Pays de Galles, l’Ecosse, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suisse, le Luxembourg, le Danemark, La Suède, la Norvège de vivre sous un climat tempéré.
On oublie souvent que New-York est à la même latitude que le nord du Portugal et Bordeaux à la même latitude que Montréal ! Et comme Erik Orsena, j’ai les mêmes inquiétudes en ce qui concerne son avenir. « Sa vie n’est-elle pas menacée par le réchauffement de la planète ? »
Je l’ai redévoré d’une traite cet été en le retrouvant chez ma mère à qui je l’avais prêté. Pour vous faire partager un moment de lecture, je copie ici l’idée de Thanna que je trouve vraiment intéressantes (Thanna et son idée) en vous offrant le début et la fin du livre.
Alors à tous les Bretons, les marins, ceux qui aiment l’Océan et à tous ceux que j’aime et aux autres qui trouveront un écho dans ces lignes :
Début du livre
Je ne suis pas scientifique mais promeneur. Et friand de ces questions triviales qui laissent embarrassés les parents mais aussi les savants : pourquoi la nuit est-elle noire ? Pourquoi l’eau mouille-t-elle ? … Et pourquoi les courants courent-ils ?
Il se trouve que depuis l’enfance, j’aime d’amour les courants marins. J’aime ces fleuves cachés dans l’eau. J’aime me laisser happer et dériver, comme en vacances : quelqu’un de fort, soudain, vous prend dans sa paume. Il n’y a plus qu’à se laisser porter.
Mais j’aime tout autant remonter le flot, louvoyer des heures à la voile, gagner mètre après mètre, et tant pis si la nuit tombe et pas question de moteur : on ne torée pas avec une mitraillette. J’aime ces petits alliés qu’on se découvre alors, les contre-courants. Ils ont tout du troll ou du lutin. Ils vous appellent, faut-il leur répondre , N’est-ce pas un piège cette gentillesse ? Ils ne vivent que près, trop près des côtes. Ne va-t-on pas « toucher », « talonner », c’est-à-dire heurter un rocher, ou même s’échouer, si l’on s’approche ?
Comme Orsenna, j’ai appris à naviguer dans le Ferlaz, dérivé dans le Kerpont, cherché l’aide des petits « contres » pour franchir l’Olénoyère centimètre après centimètre au risque de péter la dérive sur les rochers. Ah, ces petits peuples de la mer !
Fin du livre
Le voyage n’est jamais celui qu’on attend.
Que l’horizon se dérobe, rien à dire ; il est dans sa nature même de fuir.
C’est la destination qui se moque vraiment de nous. Nos chemins nous mènent toujours ailleurs. Certains s’agaceront de cette indocilité. Les autres savent, du plus profond de leur âme, que c’est un autre nom pour le sel de vivre.
Fin des remerciements à la toute dernière page
Merci à tous.
Sans vous, attablé dans l’un ou l’autre des bars où j’ai mes habitudes, je serais toujours à rêver d’un livre qui dirait, enfin, mon amour de la mer.
Erik Orsenna, Portrait du Gulf Stream, Editions du Seuil, Paris mars 2005
Merci Thanna !